de Yasmina Reza
Un soir, dans un appartement parisien, Henri et Sonia débattent : faut-il répondre aux appels de leur fils qui, de son lit, réclame à manger alors qu’il s’est lavé les dents ? La situation s’envenime quand apparaissent Hubert et Inès qu’ils croyaient avoir invités pour le lendemain. La situation se détériore encore, d’autant qu’Hubert – patron d’Henri -, lui apprend qu’une communication sur les halos de matière noire dans les galaxies, sur quoi Henri travaille depuis trois ans, vient d’être publiée, ce qui réduit à néant ses rêves de promotion.
Mise en scène : Adrian Brine
Avec : Isabelle Defossé, Bernard Yerlès, Bernard Cogniaux, Marie-Paule Kumps
Production de l’ADAC (2002)
Marie-Paule reçoit le prix critique du Magazine Kiosque pour son interprétation d’Inès !
Presse
`Trois versions de la vie´ qui font grincer le rire
PHILIP TIRARD
VISITEURS IMPORTUNS
L’argument de `Trois versions de la vie´? Un couple passe une soirée à la maison. Sonia (Isabelle Defossé) a des devoirs à faire pour une réunion le lendemain, Hubert (Bernard Cogniaux) s’agite à cause de leur fils de dix ans qui ne cesse de réclamer une friandise, un câlin, une histoire, etc., pour surseoir au temps du sommeil.
On sonne. Débarquent Henri (Bernard Yerlès), ami et surtout supérieur hiérarchique d’Hubert, et Inès (Marie-Paule Kumps), sa femme. Ils répondent à une invitation à dîner, mais un soir trop tôt…
La situation a de quoi faire sourire et frémir toute maîtresse de maison qui se respecte. La soirée, autour de quelques bouteilles de vin de Loire et de paquets de biscuits et de chips divers, ne va pas vraiment bien se dérouler.
Dans le décor très classe de John Otto, les comédiens distillent avec un talent consommé les petites répliques simples et cinglantes de Yasmina Reza. Adrian Brine témoigne de son humour et de son sens du rythme dans l’orchestration d’une comédie acide comme savent les trousser un Alan Ayckbourn ou un Louis Calaferte.
Marie-Paule Kumps nous fait un remarquable numéro de bourgeoise enivrée. Bernard Yerlès est parfait de suffisance et de goujaterie. Bernard Cogniaux a de l’introverti les élans faussement joviaux. Isabelle Defossé projette le personnage sans doute le plus intéressant de la pièce, entre féminité assumée et sens des responsabilités dans un monde d’adolescents attardés.
On ne peut pas dire que Yasmina Reza nous réserve dans cette confrontation d’egos de grandes révélations. Oui, nous ne sommes le plus souvent qu’une somme de petits égoïsmes. Oui, la peur, la culpabilité et le désir nous égarent. Oui, le spectacle en est risible. Labiche et Feydeau l’avaient bien compris et `Trois versions de la vie´ procède en droite ligne de leur regard caustique sur ce drôle d’animal social qu’est l’être humain.
La Libre Belgique, 22 novembre 2001