Paroles de Fric (2002)

de Ray Cooney

Une expert comptable présumé honnête échange par mégarde sa mallette dans le tram en rentrant chez lui. Il y découvre un million d’euros et décide de changer de vie… « Ramasser n’est pas voler »… mais ramasser autant d’argent, c’est risqué, très risqué….

Mise en scène : Martine Willequet

Avec : Stéphane Degroodt, Pascal Racan, Catherine Claeys,…

Création du Théâtre Royal des Galeries (2002)

Paroles de fric 2002

Presse

« Paroles de fric » Le rire, comme un gros rouge

                                                                                                               ANCION,LAURENT

Samedi 28 septembre 2002

Vaudevilliste contemporain, Ray Cooney a encore frappé aux Galeries : une ouverture de saison plutôt pétaradante !

Pour lancer sa nouvelle saison, le théâtre royal des Galeries, à Bruxelles, n’y va pas par quatre chemins : bille en tête, c’est le rire qu’il vise, ce rire qui réchauffe comme un gros rouge. « Paroles de fric » est un vaudeville contemporain signé par Ray Cooney, cet auteur anglais dont la « Panique au Plazza » avait déjà secoué les mêmes planches il y a quatre ans.

Spécialiste du grain de sable qui fait tout dérailler et de l’imbroglio en goguette, Cooney impose ici à un pauvre comptable la découverte d’une mallette pleine de fric. L’occasion rêvée pour changer de vie… si une pluie d’ennuis ne s’abattait sur la tête du héros en même temps que l’argent. Forcé au mensonge, il entraîne dans son sillage fumeux sa femme, un couple d’amis et même un policier, inquiet de sa joie nerveuse et vite pourri.

D’engrenage en engrenage, la machine est lancée : le vaudeville peut faire claquer les portes, tressauter la réalité et courir tout le monde. Selon les écrits théoriques de Cooney, c’est alors que le rire s’installe, parce que la farce est conduite avec beaucoup de précision et de vérité, sans excès grotesque. On veut bien le croire, mais la mise en scène de Martine Willequet (qui assure aussi l’adaptation régionale de la pièce) préfère rajouter une bonne couche de délire sur un texte déjà bien allumé. La direction d’acteurs court ainsi, sans complexe, d’un certain naturel au burlesque le plus complet.

Du côté du réalisme, on trouve deux flics assez circonspects malgré la furie qui plane dans le salon bourgeois. Thierry de Coster et Michel Poncelet leur offrent leur calme comme un utile contrepoint à l’énergie burlesque du reste de la distribution.

Chef d’escadrille, Marie-Paule Kumps (la femme du comptable), d’une inventivité corporelle franchement sidérante, nous livre un abattage comique digne d’un bûcheron, faisant feu de tout bois. Son mari Georges bénéficie de la tranquillité apparente de Stéphane De Groodt, qui joue en fait sur une nervosité intérieure parfaitement irrésistible. Dans ce défilé survolté, on croisera aussi un taximan qui ne roule jamais (Jean-Louis Leclercq), une amie prête à tout pour vivre au soleil (Catherine Claeys) et son mari désabusé, tolérant malgré les catastrophes (Pascal Racan, dans un jeu cocasse qui fait plaisir à voir).

Et l’argent dans tout ça ? Il n’a pas d’odeur, pas plus ici qu’ailleurs. N’empêche qu’il suscite un pot-au-feu de gags plutôt odorant, avec, parfois, des boules puantes et, surtout, une avalanche de peaux de banane au fumet enivrant. Et, comme le dit la sagesse de comptoir, peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse…·


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