Danser Ici et maintenant…

Le temps est un drôle d’élastique qui a toujours l’air si tendu, prêt à craquer… on fait une confiance aveugle dans le matériau en quoi il est tissé : c’est solide, bien entendu, souple, et on peut l’étirer ; d’ailleurs son nom d’élastique dit bien ce qu’il veut dire : ce n’est pas un vieux bout de soie qui aurait dit tout ce qu’il avait à dire et qui se rompra dès la pression d’un doigt… Jusqu’où pourrai-je l’étirer cet élastique ? Tirer dessus, le malmener, lui demander plus et plus encore… ? Mais d’abord, qui a dit que le temps était élastique ? Peut-être n’est-ce qu’une façon de voir ? De l’envisager ? Plutôt que de tirer dessus parce que je regarde sans cesse en avant -ceci n’étant pas fini que je suis déjà dans cela-, peut-être devrai-je juste regarder ici et maintenant, être entièrement dans ici et maintenant, et vivre comme si je ne savais pas qu’après existe, vivre comme si le temps était en vieille soie, prêt à craquer à chaque mouvement ? Etre juste dans chaque mouvement sans rien demander ni au temps ni à la vie ? Juste prendre et donner là, l’esprit et le coeur entièrement absorbés dans l’action d’être au monde….

Ménopausées, Théâtre de Poche, Bruxelles, Caroline Safarian, Marie-Paule Kumps, Serge Demoulin et Dominique Pattuelli

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