Saison One 2.0… une vraie série comme à la télé, avec des acteurs en chair et en os, des génériques et des jingles et des épisodes qu’on ne raterait sous aucun prétexte ! Son pitch ? La chronique de la saison d’un théâtre. Mise en abyme ? La série télé qui parle du théâtre au théâtre….. Et aussi parce que on ne parle bien que de ce qu’on connaît bien…. ! L’envie nous dévorait de rire de nous-mêmes, dramaturges, acteurs et metteurs en scène tellement fragiles, angoissés, névrosés, mais aussi tellement attachants.
Cliffhangers insoutenables garantis !
Ecriture Marie Paule Kumps et Bernard Cogniaux Co mise en scène des deux mêmes !
Scénographie Anne Goldschmidt
Lumière Gaétan Vandenbergh
Costumes Laurence Lipski
Régie Gilles Goblet
Au TTO du mardi au samedi, 20H 30, jusqu’au 18 janvier 20
Résa 02.510.05.10
ou sur le site du TTO !
Pour lire la critique dans La Libre, c’est ici !
Pour lire la critique dans le Soir, c’est ici !
Critique de Stéphanie Bocart, la Libre, vendredi 13 décembre 19
« Saison one 2.0 »: Quand « Friends » s’invite au théâtre
Il y a douze ans, en 2007, l’auteure, comédienne et metteuse en scène Marie-Paul Kumps, fascinée par l’univers des séries télé qui envahissent nos écrans, avait nourri l’idée de créer une série d’épisodes inspirée des codes des séries télé, mais qui serait jouée sur la scène d’un théâtre. Très vite, son fidèle complice Bernard Cogniaux s’était joint au projet ainsi que son amie Nathalie Uffner, directrice artistique du Théâtre de la Toison d’Or (TTO). Le projet s’était rapidement concrétisé avec la série Saison one, soit trois fois deux épisodes de 55 minutes joués sur les planches du TTO. Le pitch ? Raconter avec humour l’envers du décor de la vie d’un théâtre pendant une saison. À l’affiche : Marie-Paul Kumps, Bernard Cogniaux, Martine Willequet, Damien Gillard, Clément Thirion, Nathalie Uffner et Pascal Racan. “Ca avait été un joli succès, commente Marie-Paule Kumps, mais on n’avait joué chaque épisode que dix fois”. Il y avait donc comme un goût de trop peu, et l’envie de reprendre le projet était restée dans l’air…
Quatre épisodes de 26 minutes
Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux ont donc repris la plume pour une version refondue de leur concept : Saison one 2.0. La trame se veut plus simple avec une série en un seul tenant de quatre épisodes de 26 minutes, mais en exploitant toujours les ficelles des séries télé. “Notre façon aussi de célébrer les 25 ans de Friends”, confie encore Marie-Paule Kumps. Comme dans cette célèbre série américaine ou dans les sitcoms françaises ( Hélène et les garçons, Le miel et les abeilles,…), Saison one 2.0 est chapitrée en courtes séquences, entrecoupées par des inserts musicaux, où se croisent les six personnages principaux. Et ça fonctionne ! La série se concentre ici sur la création d’une pièce de théâtre avec les aléas financiers de la vie d’une institution culturelle. C’est drôle, fort drôle, car dépeint en grossissant le trait. Chaque personnage a un profil bien tranché : le directeur de théâtre coincé (Pierre Poucet), son assistante (Martine Willequet), la costumière un peu neuneu amoureuse de son patron (Catherine Decrolier), la metteuse en scène déjantée (Emmanuelle Mathieu), le comédien en fin de carrière (Frédéric Nyssen) et le jeune prodige sorti du conservatoire (François Heuse).
Si la pièce pèche par quelques longueurs et excès, elle est bien ficelée, très bien écrite et recèle des répliques croustillantes ainsi que des comiques de situation particulièrement savoureux. Une agréable série télé qui fait aimer le théâtre.
Critique de Catherine Mackereel, le Soir, samedi 14 décembre 19
« Saison One 2.0 », du théâtre décliné en sitcom
Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux se sont inspirés des codes des séries comme « Friends » pour croquer le quotidien d’un théâtre. En guise de Central Perk ? La scène du TTO à Bruxelles. Au script ? Un style léger et un rythme ferme.
Ils sont six mais ne s’appellent pas Monica, Ross ou Chandler. Non, ceux-là ont des prénoms bien plus banals, du genre Cécile, Marc ou Elisabeth. Ils ont bien un canapé où l’on prend des poses enjouées avec un mug à la main, mais on est bien loin de l’ambiance new-yorkaise du Central Perk. Disons que le climat général respire plutôt les coulisses d’un théâtre belge moyen où l’on jongle entre les animations du samedi matin avec les gamins du quartier et le recyclage des vieux costumes sur les nouvelles productions. Puisque Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux se sont inspirés de Friends, série américaine culte qui fête ses 25 ans, poussons le parallèle jusqu’à dire que les épisodes qu’ils ont concoctés pour ce Saison One 2.0, actuellement au TTO, auraient pu s’intituler, à la manière de la célèbre sitcom, « Celui qui tente de gérer un théâtre », « Celle qui délire grave à la mise en scène » ou encore « Celui qui fait un ego trip ».
Avec un générique rock proche d’un « I’ll be there for you », mais aussi des jingles insérés entre des scènes très courtes, la pièce se revendique clairement du style léger d’autres séries comme The Big Bang Theory ou How I met your mother. Rythmés et bourrés de vannes efficaces, les quatre épisodes (de 25 minutes chacun) nous donnent l’impression délicieusement régressive de « binge-watcher » une sitcom addictive. Sauf que ces épisodes sont portés par des comédiens en chair et en os et que les rires qui fusent ne sont pas préenregistrés mais émanent en direct d’une salle conquise. A une allure sautillante, on passe du bureau du directeur de théâtre, en pleine préparation de son discours de présentation de saison, à la salle des costumes où l’on fait une pause entre deux essayages pour relire son texte ou cancaner sur les collègues.
Absolument craquants, les comédiens poussent leur personnage dans des parodies jouissives du monde du théâtre. Il y a l’arrogante metteuse en scène parisienne (explosive Manu Mathieu), invitée à monter une pièce à Bruxelles, qui se laisse aller à toutes les extravagances – ventilateur en folie et décors lyriques – pour tirer la substantifique moelle de ses acteurs. Avec elle, un personnage n’est pas « halluciné », il est « visité ». Il y a l’acteur entre deux âges, et déjà sur le retour (impayable Frédéric Nyssen), prêt à tout pour sauver sa carrière. Il y a encore le jeune comédien idéaliste (formidable François Heuse), qui fait pourtant quelques entorses à sa vertu pour faire des spots publicitaires pour des crédits hypothécaires. Rivalité entre artistes, impros délirantes, séances de doublage cocasses : les artistes sont ici croqués avec une furieuse dérision. Et on ne vous a pas dit le meilleur : pas de suites à rallonge. En une soirée, vous aurez tout vu !